SORTIE PHOTO - Cascades Argens - 7 Mai 2022

Sortie ARC Images -

Cette visite a attiré 15 membres, plus exactement 14 membres et une invitée. Initialement programmée le 23 avril, le mauvais temps a conduit à la reporter de 15 jours. Le thème choisi est la pose longue de jour, histoire de mettre en valeur les filets liquides. Une formation avait été proposée le 19 avril.

La visite et ses à-cotés

Point de départ dans la célèbre plate-forme de covoiturage de Rousset. Après un café réglementaire à Brue-Auriac, nous avons visité deux sites de cascades de l'Argens amont, pas trop éloignés de nos bases.

Le matin, ce fut une cascade à la limite des communes de Brue-Auriac et de Bras, située plein est de Brue ; il s'agit du saut de Bacon ; site tellement sympa qu 'il fut élu pour accueillir notre pique-nique !

L'après-midi, après un pot, tout aussi réglementaire, ce fut la cascade du Grand Baou, au Val, sur la Ribeirotte, affluent de l'Argens. C'est un lieu où Arc-Images avait célébré son 25ème anniversaire.

Le débit de ces cours d'eau est inhabituellement bas pour la saison, mais d'un point de vue photographique, c'est plutôt mieux (selon moi), car les filets liquides se détachent bien.

Accélération du mouvement pour repartir de la cascade du Grand Baou, car l'orage menace, mais finalement on ne s'est pas trop mouillés.

La magie de l'Argens amont

L'Argens est un fleuve varois qui court d'ouest en est, de Seillons-Source d'Argens jusqu'à Fréjus. C'est est un cours d'eau karstique, ce qui a son importance. Son affluent la Ribeirotte est également karstique. Leurs eaux sont donc extrêmement calcaires, et dès que le calcaire aura l'occasion de précipiter, il formera ces barrages en travertin qui se succèdent dans le secteur visité. On parle d'eau incrustante ou pétrifiante. Des «algues bleues», en fait des bactéries, et plus précisément des cyanobactéries, font précipiter la calcite de l'écoulement sur la végétation aquatique. Le travertin ainsi formé est une roche extrêmement légère car gavée de végétaux fossilisés. Les scientifiques ont mesuré des encroûtements de 2 mm par an dans le Var, ce n'est pas rien. Respect pour ces cyanobactéries, ce seraient les plus vieux organismes vivants sur Terre, âgés de 3,5 milliards d'année (en tout cas pour ceux dont on a conservé une trace) ! Respect aussi pour la Nature, grand architecte qui nous offre de tels spectacles.

Cascade du saut de Bacon sur l'Argens

C'est une très belle cascade haute de 8 m, nous offrant d'élégants "voiles de la mariée", qui viennent se jeter dans une vasque d'eau verte. En amont et en aval de cette grande cascade, d'autres petites chutes sont tout aussi intéressantes : des chutes de 50 cm en amont, une de 3 m à 100 m en aval et une de 2 m à presque 100 m encore plus en aval. Cette présence des petites chutes au voisinage de la grande chute est un signe de la bonne santé du concrétionnement encore actif de nos jours. Les berges sont très boisées, ce qui joue un rôle favorable pour ce mécanisme.

Les petites chutes font penser aux admirables sources de l'Huveaune à la Castelette. C'est bien normal, toutes ces chutes qui scandent le profil amont de l'Huveaune ou de l'Argens sont en travertin. La différence c'est que sur l'Huveaune, pour une raison que j'ignore, les chutes sont bien plus régulièrement espacées et toutes de faible hauteur (50 à 80 cm).

Voiles de la mariées, petits barrages en travertin, grandes chutes tapissées de travertin, autant de sujets qui ont attiré nos objectifs. Et bien sûr, difficile de résister à la tentation de pratiquer des poses longues pour obtenir des filets liquides laiteux. Pose longue, pose très longue, il y a plusieurs écoles, et on a le droit de s'essayer aux deux! Le pied est obligatoire dans les deux cas, et pratiquement chacun de nous en avait un, voire deux.

Cascade du Grand Baou

L'accès à la cascade est privatisé. Nous en avons profité pour prendre un verre sous les tonnelles de la petite guinguette qui « contrôle » l'entrée. Puis une marche facile de 5 minutes nous amène à la cascade.

Nous sommes donc sur la Ribeirotte, affluent de l'Argens. La chute est un peu plus haute (10,8 m). C'est également une accumulation de travertin qui crée la rupture de pente. Mais ici, l'aspect de la cascade est plus en pomme d'arrosoir qu'en voile de la mariée ! C'est-à-dire que l'écoulement se partage en plusieurs jets divergents assez concentrés, en tout cas si le débit est faible. Le site est intéressant du fait de la densité de la ripisylve, de son faible aménagement et de sa bonne préservation.

L'avenir des formations de travertin : survie ou déclin ?

Le développement de l'urbanisation, les pollutions agricoles ou urbaines, le déboisement, les atteintes humaines aux zones humides, la tendance à la diminution des débits estivaux, autant de sujets d'inquiétude pour la survie de ces sites. Le constat de n'en trouver que dans les partie amont des rivières est assez révélateur. Par exemple le site du saut de Bacon est le dernier que l'on rencontre en descendant l'Argens. Mais la progression de la forêt qui accompagne la déprise agricole et la prise de conscience de la fragilité de ces sites murmurent des notes d'espoir.

 

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