11 / 2019 – SORTIE PHOTOS St Chamas
CR de la sortie Roquefavour St-Chamas le 16/11/2019
Cette sortie organisée par Jean-Louis T et Jean-Mary M a regroupé 13 personnes d'Arc-Images, et une future membre, encore très jeune.
Aqueduc de Roquefavour :
Cette visite a été l'occasion de faire un rapide historique du canal de Marseille qui amène l'eau à Marseille depuis 1849. On n’aura mis que 15 ans pour décider, étudier, financer, construire et faire fonctionner ce remarquable ouvrage auquel la région marseillaise doit tant. Grâce essentiellement à l'ingénieur De Montricher qui a su surmonter bien des obstacles et trouver des solutions aujourd'hui encore parfaitement opérationnelles. Plus tard, le superbe palais Longchamp sera édifié de 1863 à 1869 par l’architecte Espérandieu comme symbole de l’arrivée à Marseille de l’eau de Durance.
Aujourd'hui, l'eau bue par les Marseillais provient à 80 % du canal historique de Marseille et à 20 % du plus récent canal de Provence. Le mélange des eaux de Durance et du Verdon se produit donc à leur confluence mais aussi dans le pastis des Marseillais !
Le tracé du canal entre la Durance vers Cadenet et ce qui deviendra le palais Longchamp à Marseille serpente au mieux pour utiliser la topographie naturelle. Mais il fallait bien affronter l'énorme entaille de la vallée de l'Arc. De Montricher a dû s'armer de beaucoup de courage, de panache et de compétence pour entreprendre et réussir cet aqueduc de Roquefavour, bâti entre 1841 et 1847. Il reste encore aujourd'hui le plus haut au Monde avec 82 m, deux fois plus haut que le pont du Gard, son inspirateur. En passant sous l'aqueduc par son appui droit, nous atteignons facilement le plateau, même si la montée de 90 m est un peu raide. De là, magnifique vue sur le canal et l'aqueduc. Et aussi sur la vallée de l'Arc, décorée par un viaduc TGV et au fond par la Sainte-Victoire qui en a vu d'autres et par la chaîne de l’Étoile.
Saint-Chamas :
Le monument de St-Chamas le plus célèbre sans doute, et le plus ancien sûrement, est le pont Flavien achevé par les Romains à la fin du premier siècle avant JC sous l'empereur Auguste. C'était un pont à péage sur la voie romaine Marseille Arles au-dessus de la Touloubre. Après les chars romains puis les carrosses, les automobiles l'empruntaient encore jusqu'à la seconde guerre sans parler de chars allemands. Ce pont est particulièrement original avec ses deux arches en pierres blanches de Calissanne, alors que le pont est en calcaire jaune de St-Chamas.
Nous voici ensuite au centre ville le jour du marché, et nous décidons de pique-niquer en bordure du charmant petit port de pêche du Pertuis. Pique-nique particulièrement convivial, comme d'hab. Aujourd'hui, c'est l'aqua alta à St-Chamas car l'étang de Berre déborde sur les quais ! Normal vous direz-vous, on n'est pas loin de la Venise provençale.
Nous continuons en montant en haut de l'aqueduc de l'horloge. Décidément, ce paisible village ne manque pas de sites remarquables. Saint-Chamas s'est développé de part et d'autre de la colline du Baou en calcaire grossier, faussement appelé safre bleu, nous y reviendrons. D'un côté la mairie et l'église, de l'autre le quartier du Pertuis et son port. Un passage reliait cependant ces deux parties, mais il s'effondra en 1863 privant d'eau le village. Car cette colline servait de support au canal du Guèby destiné à l'arrosage et l'eau potable. En 1868, on construisit donc l'aqueduc qui devint aqueduc de l'Horloge lorsqu'on l'affubla en 1902 d'une double horloge visible des deux parties de la ville. Loin d'avoir la classe de l'aqueduc en maçonnerie de Roquefavour, celui-ci en béton armé ne manque cependant pas d'originalité et domine fièrement de ses 23 m les maisons qui se serrent à ses pieds. L'aqueduc emmène nos pas côté nord pour surplomber l'ancienne poudrerie. Puis côté sud en direction de la chapelle de la Vierge. Bâtie sur un promontoire, elle permet une vue superbe sur l'étang. Mais surtout, ce trajet est l'occasion de montrer une autre remarquable originalité de ce village, les maisons troglodytes.
Il nous faut donc reparler de la colline du Baou, colline en calcarénite (molasse calcaire) de la série du Miocène. Comme je vous sais friands de géologie, je précise, de l'étage Helvétien (entre – 11 et -16 millions d'années). Localement, on aime bien parler de safre. Cette appellation désigne pour certains une pierre tendre, pour d'autres une argile durcie, pour d'autres (plus avisés) un grès. Ce terme introduit donc du flou, et autant parler de grès. Et que dire de l'appellation safre bleu qui encombre bien des notices touristiques locales ? D'abord qu'ici la roche n'est pas bleue, mais jaune orange ! Et puis que safre bleu est un pléonasme puisque safre désigne en fait une couleur bleue (safre vient de saphir). En conclusion, au Baou, nous avons donc un grès, roche tendre qui est ici une calcarénite. On peut l'appeler safre, mais surtout pas safre bleu !
Bien plus intéressant est de parler des maisons troglodytes, toutes traversantes, dont l'entrée se situe côté est, celui où nous circulons, et le balcon côté ouest, celui de l'étang. Les habitations ont été entièrement creusées par les habitants, dans le grès. Du point de vue géologique, nous sommes exactement dans la situation des grottes de Calés à Lamanon, mais à St-Chamas les troglodytes sont encore habités. Et à Calès les cavités creusées dans le grès ne sont pas traversantes. Comme toujours, l'Homme sait ingénieusement profiter au mieux des particularités de la Nature.
Cornillon-Confoux :
On avait prévu de visiter Cornillon-Confoux, c'était même l'idée de départ de cette sortie imaginée par Claude Jouvet. « Moi j'ai dit bizarre ? Comme c'est bizarre ». Euh, ce n'est pas le même. Puis ensuite on avait dopé le programme avec Saint-Chamas et enfin avec Roquefavour. Finalement après Roquefavour et St-Chamas, le temps passant, les jours raccourcissant, nous décidons démocratiquement de zapper ce charmant village. Mais néanmoins nous allons butiner près du mur aux abeilles de Cornillon. Ce sympathique mur comporte plus de 50 alvéoles en pierres sèches recouvertes de pierres de taille. Les abeilles ont déserté depuis la fin du XIXe siècle. Et l'adorable chien Izy de se loger dans une des alvéoles qui lui semble très easy. Certaine dame aussi, sans doute piquée par … la curiosité, mais je tairai son nom. Notons juste que les alvéoles ne sont pas très grandes...
Faudra peut-être revenir un jour à Cornillon-Confoux et y ajouter, pourquoi pas, Miramas-le-Vieux.