Sortie ARC Images - Roussillon - Rustrel
Cette visite a attiré 17 personnes. JL et moi avions fait une reconnaissance le 4 novembre.L'objectif était de découvrir les ocres. Et rien de mieux que de visiter des sites industriels,
celui de Roussillon ayant cessé l'extraction en 1975 et celui de Rustrel en 1992. Ailleurs, la nature est belle, mais la végétation recouvre presque tout. ARC-Images avait déjà visité le site
de Rustrel le 1er avril 2016, et je recycle pour bonne part le CR de l'époque. Je me suis amusé à comparer les listes, et seuls Monique, Denis et moi ont fait les deux sorties.
Préliminaire sur la géologie Quelques mots d'amateur, les meilleures explications étaient fournies par la nature. Sous nos yeux 100 millions d'années nous contemplent (Napoléon pourra me réclamer des droits d'auteur).
Face à nous, dominante ocre avec plein de nuances du jaune au rouge, mais aussi du blanc, sans parler du vert végétal et du bleu azuréen. Mais cet ocre, quésaco ?
L'histoire commence au crétacé quand la mer recouvrait la région. Au fond de cette mer, s’accumulaient des sables venus du continent. Après sédimentation, au contact avec l’eau de mer, s'est formé un minéral vert riche en fer : la glauconie. C'est la roche mère. Audessus, les sables se consolident en grès. Toujours pas d'ocre, que du vert... Patience !
Au crétacé supérieur, des mouvements tectoniques soulèvent ces dépôts marins jusqu'à les faire émerger, formant une enclave gréseuse entre les monts calcaires du Luberon et ceux du Vaucluse.
Le climat équatorial de l'époque a provoqué une altération latéritique des sols (comme en Afrique). Dans ce processus, la glauconie verte s'est dissoute, et le fer ainsi libéré a coloré les sables et donné naissance aux ocres, dont les teintes rougeâtres varient avec la proportion d'hydroxyde de fer. Dans ce processus de latérisation, la partie supérieure des sables s'est aussi recouverte d'une cuirasse ferrugineuse marron (visible en particulier sur les cheminées de fée), laquelle a bloqué une couche siliceuse blanche qui migrait vers le haut. La roche mère verte est peu visible (sans doute masquée par les sables ocreux érodés et déposés). La succession normale, visible ou cachée, est du bas en haut : la roche mère verte, les sables ocreux aux maintes nuances, la couche blanche, la cuirasse marron. À l'ère tertiaire, des dépôts d'abord continentaux, puis à nouveau marins ont recouvert (et protégé) ces roches du crétacé.
Et à l'ère quaternaire, ces dépôts tertiaires ont été décapés, faisant affleurer à nouveau les terrains crétacés. C'est la situation d'aujourd'hui où l'érosion domine quand la végétation nes'y oppose pas, ou plus.
Déroulement de notre visite Attentif aux traditions, nous commençons par déguster un café à Roussillon. Puis nous visitons le vieux village. La couleur ocre est omniprésente, dans les crépis, dans le ciment des murs maçonnés, et évidemment dans les falaises qui viennent lécher le village, façon de montrer que l'Homme ne peut qu'imiter son maître, la Nature.
Passant aux choses sérieuses, nous parcourons le sentier des ocres de Roussillon, au cœur et l'ancienne carrière. Spectacle magique. Mon coup de cœur, une colonne effilée géante, véritable obélisque qui a résisté aux extractions et à l'érosion. Hauteur 50 m ?? Puis direction le Rustrel distant de 20 km, où une aire de pique-nique nous tend les tables et les chaises. Les reconnaissances, ça a du bon. Le vin dégusté est raccord à la géologie.
L'aprèm, nous parcourons les sentiers du Colorado provençal, qui n'a cependant jamais vu de cow-boys et d'Indiens, même pas des imitations. La géologie est la même. Les couleurs, les formes d'érosion aussi. Mais en bonus, on observe des vestiges de l’activité industrielle tels que canaux, rails, tuyaux et pompes. Aucunement mis en valeur, c'est dommage. Car si ce site extraordinaire attire autant de monde, c'est peut-être par l'impression imaginaire
d'être un espace vierge. Que nenni ! Mais c'est bien en fait grâce à l'activité humaine. G2G