Sortie ARC Images - Avignon - Salgado
CR sortie en Avignon le 22 octobre 2022
Nous voici partis à dix dans le Vaucluse, en Avignon, pour y découvrir... l'Amazonie. Rien d'impossible à Arc-Images !
Après l'inévitable café matinal, à portée d'arbalète du Palais des Papes, le programme consiste à visiter Avignon puis à déjeuner au même endroit en laissant notre pique-nique bien sagement au fond du sac, puis à visiter d'un même coup le Palais des Papes et l'exposition Amazônia de Salgado. Puis à finir par un petit verre.
Amazônia
Franchement, c'est une admirable exposition que celle du photographe franco-brésilien Sebastião Salgado. La bande son de Jean-Michel Jarre respectait parfaitement les lieux et le thème de l'expo. Sept années complètes d'expéditions photographiques résumées par 200 photographies donnent le vertige. La forêt, poumon de notre planète, est omniprésente, mais aussi le fleuve, les montagnes, les nuages et la brume, les groupes ethniques. L'espace est parfaitement organisé, avec montagnes et forêt tout autour, et populations au centre. En prime, des panneaux de commentaires remarquablement clairs et ne nécessitant pas un dictionnaire ou du paracétamol (on n'est pas dans une ville le long du même fleuve, plus en aval).
7 années, 200 photos. C'est dire que l'artiste a pris le temps, des jours ou des mois, pour choisir ses sujets, avoir la bonne lumière et un ciel intéressant, mettre les habitants en confiance (ce qui n'est pas le moindre de ses mérites), etc. Une vraie relation amoureuse entre l'artiste et notre planète. Surtout notre planète, là où elle est vierge.
Mon coup de cœur, les rivières volantes ! Jolie formule inventée il y a plus de 10 ans par un climatologue brésilien qui a expliqué le phénomène. Et qui mieux que Salgado pour le montrer ? Il s'agit des amas de vapeur d'eau rejetée par les arbres, et circulant au dessus de la forêt amazonienne tels des fleuves, mus par les vents et par le poids de la vapeur. Fleuves qui n'ont donc rien à voir avec l'Amazone, qui transportent plus d'eau qu'elle et qui l'envoient vers des contrées environnantes et pas seulement à l'océan.
What else ? Tous ces chefs d'œuvre sont en noir et blanc. Il parait que Salgado a abandonné la couleur en 1987, après avoir photographié la place Rouge (ce n'est pas une vanne).
Avignon
Il n'y a pas que le Palais des Papes et le pont d'Avignon !
Commençons par les papes, Avignon leur devant son éclat et sa renommée. Ils n'ont pourtant élu résidence en Avignon qu'un peu plus d'un siècle, de 1309 à 1423. Sous la pression guerrière du roi de France, Philippe le Bel, c'est un pape français, Clément V, qui est désigné en 1303. Il décide en 1309 de s'établir «provisoirement» en Avignon qui devient donc le siège pontifical et le restera jusqu'au Grand Schisme qui déchira le christianisme en 1378. Un pape en Avignon, un à Rome et même un 3ème à Pise de 1410 à 1415. Chacun de ces 2 ou 3 papes traite tous les autres d'antipape ! On se croirait dans une cour d'école, mais les enjeux dépassent largement quelques billes. Les deux derniers Papes d'Avignon de 1378 à 1423 sont donc des antipapes, enfin ça dépend du camp où on se place, je reste neutre...
Le Palais des Papes a été construit au cœur de cette période ambigue. On est saisi par le nombres d'éléments d'architecture militaire : tours crénelées, chemin de ronde, créneaux, mâchicoulis, meurtrières...
C'est aussi un pape qui fait construire les remparts en 1355. Les remparts que l'on voit aujourd'hui n'ont pas bougé. Et Avignon est l'une des rares grandes villes de Provence encore quasi ceinturée par des remparts. Il y a cependant eu plusieurs velléités de les détruire. Ainsi vers 1845 pour faire passer la voie ferrée PLM le long du Rhône. C'est Prosper Mérimée qui réussit à s'y opposer et qui classa les remparts au titre des monuments historiques. De 1860 à 1869, ils ont été à la fois confortés vis à vis des crues du Rhône et superbement enjolivés par Viollet-Leduc au titre du patrimoine. Ce qui n'empêcha pas la suppression de 7 des 16 portes pour décorseter la ville (1 en 1855, 4 vers 1900, 2 récemment).
Et le pont d'Avignon ? Le voir de préférence depuis la rive gauche du Rhône ! Il a vu au fil des siècles une ou plusieurs de ses arches emportées par les crues et reconstruites. Jusqu'à la crue de 1669 qui ne lui a laissé que 4 de ses 22 arches, celles sur lesquelles on danse paraît-il.
G2G