CR sortie du 20/3/2021 villages du Luberon
Sortie suivie par 11 valeureux membres d'ARC Images sur un parcours proposé par Jean-Louis qui avait même fait une reconnaissance et qui nous conduisait dans les traces de Giono et de Pagnol.
Premier arrêt au fameux pont de Mirabeau sur la Durance
Ce fut l'occasion de boire thé ou café accompagné de viennoiseries et de contempler l'étroit défilé calcaire, les vestiges du pont et le lit de la Durance.
Cette fameuse rivière qui faisait partie des trois fléaux de la Provence et que Giono qualifiait de « sacrée crapule qui profite des pluies ravageuses et des orages pour aller rabouiller dans les vergers et les jardins, emportant ici quelques hectares et là quelques brebis, ailleurs quelques maisons ». Bien dit, mais il aurait pu ajouter que sa crapule avait aussi maintes fois emporté le pont que, depuis le XVe siècle, les Hommes croyaient pouvoir impunément faire enjamber la Durance, là où elle est la plus étroite, et donc la plus colérique.
Après deux destructions, ils pensent en 1835 avoir trouvé la parade avec un pont suspendu, accroché à deux immenses pylônes. Comme ça, pas de piles que la Durance se plaît à balayer. Mais la crue millénale de 1843 a montré qui était le maître. Elle eut cependant le bon goût de laisser les deux magnifiques pylônes qu'on admire encore. Un nouveau tablier y fut accroché en 1845. Que la première guerre se chargea de détruire ! Nouveau pont à haubans en 1935 sur un tracé parallèle à l'ancien, un peu en amont. Rebelote, là ce sont les Résistants qui le font sauter pour retarder le repli de l'armée allemande après le débarquement de Provence. Ce pont suspendu est reconstruit en 1947, excellente année, et sera remplacé en 1990 par le pont actuel. Lequel devrait tenir longtemps car la crapule de Giono a été sérieusement assagie en 1959 par le pharaonique barrage de Serre-Ponçon.
Second arrêt au village de Mirabeau
Impossible de ne pas voir la fameuse fontaine, dont le nom n'est autre que « la fontaine ». Je n'affabule pas ! Impossible de ne pas constater que, oui, bien sûr, c'est la fontaine où Jean de Florette et Manon des Sources ont été tournés par Claude Berri d’après Pagnol en 1986. Dans la flopée de stars, comment ne pas citer Emmanuelle Béart, dont le personnage avait bouché la source de la discorde ? Depuis 2018, Manon des sources est revenue et n'est pas près de repartir car elle se plaît bien sur la margelle de la fontaine. Jo a bien essayé de lui demander son 06, mais elle est restée de bronze. A deux pas est exposé le cabestan de l'ancien port de Mirabeau. Il tirait les bateaux qui traversaient la Durance, puisqu'on a vu qu'il a fallu longtemps pour qu'un pont résiste.
Dans ce village fortifié au XIVe siècle, on peut découvrir des vestiges de l’enceinte avec une tour munie d'une bouche à feu. Et apercevoir le château bâti à la fin du XVIe par Jean Riqueti le père de celui qui est bien connu sous le nom de Mirabeau. Noble multi-cartes : écrivain, philosophe, économiste, tribun, pamphlétaire, comploteur, révolutionnaire, diplomate, journaliste, franc-maçon, orateur du peuple, co-rédacteur de la déclaration des droits de l'Homme ! Qui dit mieux ? Bien que noble, il fut élu par le Tiers-État aux élections des États-Généraux en 1789. On connaît sa célèbre répartie au Président de l’Assemblée constituante...
Troisième arrêt à la Tour-d'Aigues
Nous nous sommes surtout attardés sur le château, mais nous observons de vieux platanes complètement creux, mais vivants, c'est d'ailleurs toujours ainsi pour les vieux arbres dont le cœur est toujours mort ou absent. Ceux-là sont consolidés par cerclage ou par remplissage de maçonnerie. Surprenant. Et peut-être très dangereux car ces arbres creux, même consolidés, voient leurs racines affaiblies et peuvent s'effondrer sans prévenir.
Le château connut un destin pour le moins contrasté ! Aux XIVe et XVe siècles, on édifie une forteresse. Au XVIe, on la transforme en château avec un superbe portail triomphal. Aux XVIIe et XVIIIe, on le modernise, le décore et le dote de jardins. Il subit alors un incendie accidentel en 1780, puis est mis à sac et incendié à la Révolution. En 1978, le conseil général du Vaucluse le sort de 2 siècles d'abandon en lançant des travaux qui le sauvent de la ruine et permettent d'accueillir des visiteurs dans le pavillon sud-est. Le contraste entre une aile recevant le public et une aile fantomatique où ne subsistent que la façade attire nos objectifs, et surtout la majestueux portail Renaissance qui fait la jonction.
Quatrième arrêt à Ansouis
A Ansouis, le plus urgent c'est de pique-niquer ! Le terrain près de la fontaine-lavoir est parfait. Comme d'habitude, c'est un moment de détente, partage, rigolade et l'occasion de déguster des vins du cru, de Provence et... d'Australie ! Jo a eu plus de succès avec un chien efflanqué qu'avec Manon. En moins de deux, il s'est fait engloutir un gros morceau de pâté ! Après le café, le village ne voit aucun inconvénient à nous montrer ses ruelles gallo-romaines, son château fortifié et son musée. Le château fut d'abord une forteresse militaire qui peut devenir un château de plaisance quand les guerres de religion prennent fin. Merci Henri IV ! Observation que l'on peut recaser dans bien des villages provençaux ! Le Musée Extraordinaire ne vole pas son nom. Créé en 1975 par le prolifique Georges Mazoyer, artiste peintre et plongeur sous-marin. La façade est assez déjantée avec des sculptures d'animaux marins. Dans la bâtisse restaurée, on peut admirer aussi bien poissons, coquillages, coraux, que des fossiles du Luberon ou que des créations du fondateur, peintures, céramiques, vitraux.
Cinquième arrêt au village de Cucuron
Ce village s’enorgueillit du tournage du Hussard sur le Toit en 1994 par J. P. Rappeneau, d'après Giono, avec l'excellente Juliette Binoche. L'action se déroule en 1832 pendant l'effroyable épidémie de choléra qui ravagea la Provence (plus de 100 000 morts en France), épisode qui accéléra la construction du canal de Marseille et des canaux Zola et du Verdon dans la rivale aixoise. A Cucuron, impossible de louper le bassin de l'étang, créé au XVe siècle et qui fit fonctionner des moulins à farine jusqu'au XIXe. Le village de Cucuron fut évidemment fortifié, mais il y eu 3 générations d'enceintes.
La première du XIe siècle, il n'en reste rien. La deuxième enceinte (XIIe et XIIIe) comportait 3 portes, dont la Grande Porte toujours visible et qui a été surélevée par un beffroi en 1541, au moment même où s'édifiait la 3ème enceinte. Nous avons pu voir ce superbe beffroi et son horloge. Après une rude attaque menée en 1536 par les troupes de Charles Quint, dans la plus pure tradition des envahisseurs de langue germanique, la ville lance la troisième enceinte, avec 4 portes dont subsistent aujourd’hui celles de Ginous et de l’Étang, que nous avons vues et qui paraissent en excellent état. La dernière nommée nous montre le passage des chaînes du pont-levis et des supports de mâchicoulis.
Gérard D