Rousset le 10/04/2020 - Norbert Bernard - Service Culturel Mairie de Rousset
« Mais où sont-ils donc tous passés »
« Mais où sont-ils donc tous passés »
Jours tranquilles d'un confiné :
« Mais où sont-ils donc passés ? », tel est le titre de l’exposition de photographies de l’association ARC Images Rousset que nous avons installée à la médiathèque de Rousset au début de mois de mars.
« Ils », ce sont les hommes qui étaient absents de ces images de lieux familiers, de décors urbains surtout mais aussi naturels, des lieux désertés par l’humanité. Nous ne savions pas à ce moment là que la réalité allait rejoindre la photographie.
« Ils », ce sont les hommes qui étaient absents de ces images de lieux familiers, de décors urbains surtout mais aussi naturels, des lieux désertés par l’humanité. Nous ne savions pas à ce moment là que la réalité allait rejoindre la photographie.
L’art est prémonitoire, l’artiste un voyant disait Rimbaud en parlant du poète. L’exposition est toujours là, maintenant dans une médiathèque également déserte et fermée. Cette exposition comme la réalité aujourd’hui, celle de l’épidémie meurtrière et destructrice, nous conduisent à réfléchir sur notre place et notre action dans le monde.
Le virus fait partie du vivant, il est dans la nature, il vit, mute, se déplace parmi les animaux et les hommes, il est donc naturel. On peut s’étonner cependant de la multiplication depuis une quarantaine d’années de certains nouveaux virus qui affectent particulièrement les hommes : Sida, Ebola, SRAS et aujourd’hui le COVID-19. Il n’y a pas plus la main de Dieu derrière qu’un complot de je ne sais trop quelle puissance mais peut-être notre empreinte sur la terre devient-elle si bouleversante qu’elle génère des mécanismes nouveaux incontrôlés, climatiques ou biologiques.
Quelle est la part de l’homme et donc sa responsabilité dans ces mutations ? En 70 ans, nous sommes passés de 3 à près de 9 milliards d’habitants, la mondialisation a accéléré le transport des marchandises, des hommes mais aussi des maladies, le dérèglement climatique va accroître encore plus les inégalités, générer des migrations et certainement contribuer à certaines mutations biologiques. On ne voit pas pourquoi cette part du vivant pourrait rester à l’écart des grands bouleversements qui s’annoncent si nous ne changeons pas de cap, si nous n’abandonnons pas cette course effrénée à la production et à la consommation dévastatrice pour un nouveau modèle économique recentré sur l’homme.
Nous nous pensons tout puissants et pourtant nous pourrions un jour disparaître de cette terre qui continuerait sa vie sans nous comme ont disparu les dinosaures ou l’homme de Néandertal. Le coronavirus poursuit son chemin dans l’humanité, rentre par le nez, la bouche sans aucun préjugé raciste, tout ce qui est humain est bon pour lui. Il vit sa vie de virus en supprimant des vies humaines. Pendant ce temps, la nature se gorge de soleil pour faire éclore ses bourgeons, ses fleurs, indifférente au virus. Tout continue comme avant pour elle et c’est même mieux en l’absence des hommes. Une exposition de photos où les hommes sont absents dans une médiathèque sans public.
Oui, tout pourrait continuer sans nous……
Norbert BERNARD - Délégué Culture, Patrimoine.