CR sortie Aubrac enneigé 2/2106 ou, rubrique Aubrac, le retour ! Le retour, car nous étions déjà allé au même endroit en mau 2015 ; cette fois nous recherchions la neige.
Jeudi : départ vers 7h pour converger à 4 voitures vers le bar du musée au vieux pont de Millau que certains avaient repéré l'an dernier. Tout le monde arrive à peu près en même temps pour le café de 10h30. Les plus courageux passent entre les mains de la patronne guérisseuse, qui pour la repousse des cheveux et les cristaux dans les oreilles, qui pour les douleurs aux genoux, qui pour les boulons à revisser... Les résultats sont évidents, mais faudra pas oublier la friction au jus d'orties fermentées pour que le duvet naissant du divin chauve devienne une belle tignasse blonde.
Le temps est à la grisaille mais nous laisse une bien belle vue sur le superbe moulin du pont vieux sur le Tarn, dont il ne reste que 2 arches sur 17. Le grand viaduc ayant été démonté pour cause d'entretien, nous partons sans plus attendre vers Nasbinals avec rendez-vous pour pique-nique à la sortie autoroute de Marvejols. Il n'y a qu'une sortie Marvejols, mais néanmoins le groupe, pris d'un urgent besoin d'autogestion, a organisé une visite complète des sorties 38, 39 et même de la variante 39.1, le tout avec la complicité de GPS malicieux. Retrouvailles nez en moins, après un circuit brownien au café de Marvejols pour un pique-nique au chaud. Ce sera malheureusement le dernier gueuleton pour l'un d'entre nous, mais les autres vont compenser cette insuffisance.
Trajet jusqu'à Nasbinals, dans un paysage enneigé, mais où il est apparu que les équipements neige recommandés par le site du conseil général de Lozère pour franchir le col du Cornage relevaient d'un principe de précaution remarquable. De toutes façons, personne n'a vu ce col.
Nasbinals se revèle à nous dans un écrin blanc ; enfin, faut pas pousser, blanc et grisâtre. L'hôtel de la Randonnée, le bien nommé (pas pour tous) nous convient parfaitement et le restaurant est correct mais non inoubliable. Les vins chauds ont l'air bons, j'ai pas testé.
Vendredi : ah, les prévisions météo sont raccord à la réalité. Une super journée. S'il n'y a qu'une chose à visiter dans l'Aubrac, c'est la cascade de Déroc. Moi, ça fait 3 fois et je ne m'en lasse pas. Nous y guidons donc nos pas. Cette belle cascade est formée lorsque le ruisseau issu du lac glaciaire des Sahliens dévale vers le Bès en franchissant la coulée de lave qui a recouvert l'Aubrac il y a 6 millions et deux années (j'actualise l'indication de mon guide qui a 2 ans). Là, 32 m plus bas, le torrent se jette dans le plateau granitique de la Margeride drainé par le Bès qui coule Sud-Nord vers la Truyère. Prudents, nous accédons à la cascade par son aval, car par l'amont, il y a des marches englacées. Il est 11 heures et la cascade s'offre à nos objectifs ébahis, grossie par la fonte des neiges et encadrée par des stalactites de glace sculptés pendant une nuit froide et que la température de 11 heures décroche peu à peu. Prudents, nous gardons nos appareils à distance et tentons de capturer ces scènes féeriques, jeux d'eau, de glace, de gouttelettes.
Encouragés par l'une de nous qui n'a pas froid aux yeux, nous étions garés sur un chemin privé qui s'est retrouvé cadenassé à notre départ, mais Arc-Images ne se laisse pas si facilement impressionner (rire).
Retour par la route au sommet de la cascade où nous découvrons le ruisseau des Sahliens issu du lac glaciaire du même nom juste avant qu'il ne se précipite 32 m plus bas. Grossi par la fonte des neiges, il a envahi ses berges. Plus loin, voilà le pont des Nègres du nom des "negras", truites aux couleurs foncées. Beau site géologique où une petite chaussée des géants (yes, indeed) en orgue basaltique rabotée par le glacier forme une chute d'eau qui rejoint le Bès.
Nous le rejoignons aussi, mais en voiture, pour marquer une pause apéritive au pont de Marchastel. Pont du XVIe parfois baptisé de romain, mais, si la voie est romaine, pas le pont. Nous n'arrivons pas en retard au restaurant de la Tourre (la tour dont on devine des ruines plus haut) qui est une étape gastronomique très intéressante. Très beau plateau de fromages, entre autres. Que des produits locaux (sauf le sel et le café).
L'après-midi s'annonce courte et un peu moins illuminée par le soleil. Un groupe contourne les directives ainsi que le piton volcanique de Marchastel et s'autorise un petit détour par le village de Rieutor et ses centaines de kilomètres de murs en pierres. Nous retournons au delà de la cascade de Déroc vers le lac de St-Andéol et le buron de Born (évidemment fermé), fréquenté paraît-il par des hermines. L'hermine blanche à queue noire est à l'Aubrac ce que le dahut est à la Savoie et le yéti au Népal. Certains (dont moi) diront même en avoir vu une !
Puis nous nous égayons en direction du village d'Aubrac. Un groupe admire quelques adeptes du speed riding où le tire-fesses est remplacé par un petit parapente (mais contrairement au tire-fesses, on ne le lâche pas à la descente !). Une preuve de plus qu'il y a de la neige en Aubrac. 18h30 arrivant, nous nous régalons du coucher de soleil sur l'Aubrac enneigé, aux environs d'Aubrac puis vers la sation de ski de Laguiole. En prime, petit repérage de la rando de demain.
Samedi : les 7 candidats à la rando raquettes se retrouvent tous les 5 et rejoignent la partie la plus haute de l'Aubrac, la seule qui soit assez enneigée. Non sans la présence d'un foule d'admirateurs qui prennent une dernière photo des aventuriers. L'un d'eux, moyennement doué en arithmétique, ira même jusqu'à les baptiser Dalton, mais il a le bon goût de ne pas dire qui est Joe et qui est Averell. Les Dalton sont aux confins de la Lozère, de l'Aveyron et du Cantal, soit une méga rando dans trois régions d'avant le redécoupage. Devant la difficulté, une seconde voiture est positionnée à mi parcours à 30 km de la première (3 km par la route, mystère de la géométrie). Parmi nous, 3 longent le fossé routier, ce sont les dissidents, et 2 s'enfoncent dans l'Aubrac profond bravant sans complexe ses redoutables barrières de barbelés. Bizarrement tous se retrouvent près de la première voiture. Victimes de l'ivresse de l'altitude, les 2 plus fous ne montent pas dans la voiture et retournent au point de départ en raquettes. Quelle imprudence ! Et d'ailleurs l'un d'eux s'enfoncera dans la neige jusqu'au cou par effondrement d'un pont neigeux. Grace à son Arva, il est dégagé.
Fourbus, mais contents, les randonneurs rejoignent le reste de la troupe qui a fait moult photos superbes puis est parti pique-niquer à Laguiolle, et c'est pour ça que tous se retrouvent à l'auberge du taureau pour déguster aligot et truffade. Une bonne adresse où les produits du coin sont servis avec sourire. Puis visite incontournable de la fromagerie coopérative de Laguiole afin de soutenir l'économie locale et visite du village. Retour à Nasbinals via St-Urcize.
Dimanche : pour terminer en beauté, plusieurs ont voulu se lever de bonheur (on dit comme ça du coté d'Auriol) pour voir le lever du roi soleil. Et moi d'être d'un optimisme très mesuré pensant ne voir que des nuages épais. Que nenni, magnifique spectacle qui a enchanté 8 courageux. Du coté du village d'Aubrac, nous avons bien vérifié que le soleil se lève en face d'où il se couche, on est donc bien au sud du cercle polaire. Parfait. Je me félicite de vous avoir recommandé d'avoir une batterie de rechange, car la mienne feignantait à l'hôtel, et deux charmantes dames, Canon fort heureusement, se sont disputées pour m'en prêter une.
Le soleil étant un peu monté, ce qui ne nous a pas surpris, une des deux voitures, est ensuite allée explorer le fabuleux site de la station de ski de St-Urcize, dont vous n'ignorez pas qu'elle est convaincue d'organiser les JO d'hiver de 2022. Magnifique vue sur la piste bleu-ciel réservée aux skieurs les plus intrépides du haut-Aubrac. Demi tour pour cause de bouchon devant le départ du téléphérique, et du coup, il nous paraît raisonnable d'aller déguster notre petit déjeuner trop longtemps retardé.
Formalités de départ de l'hôtel et d'achat de quelques spécialités culinaires pour soutenir l'économie locale. Et nous voici sur le chemin du retour, via St-Urcize charmant village de l'Aubrac cantalien puis St-Chély d'Aubrac charmant village (oui je sais je répète, mais le copié collé m'y incite) de l'Aubrac aveyronnais. Pique-nique frugal sur une superbe aire dénichée par notre spécialiste en aires de pique-nique (et en BD) ; un petit Madiran de La Destrousse est bienvenu. Et, incroyable, une coccinelle est venue me saluer dans le plus pur esprit de la rubrique Aubrac. Gotlib nous accompagne. Of course, café au village (pour soutenir....).
Et voilà, nous quittons le plateau de fromages, euh, le plateau de l'Aubrac, pour plonger vers la vallée du Lot et faire une pause et une pose à Espalion. Le vieux pont du XIe en dos d'âne et ses beaux pavés moyenâgeux, les anciennes tanneries en rive droite, avec leurs dalles où l'on lavait les peaux au fil de l'eau... Puis retour direct en pays aixois, atteint vers 20h, via le viaduc de Millau enfin remonté.
Au bilan, un beau séjour, pleins de photos, de 500 à 1000 pour certains (avant tri), un régime sévère pour l'un d'entre nous, celui qui retrouve des cheveux, et pour plusieurs autres, une indéniable dérive vers le côté gastronomie de la force. A ne pas trop renouveler.
Comme je vous l'ai déjà sorti, une sortie 100 % bonne humeur et 0 % prise de tête. Grâce à vous. Je me dépêche de fourguer pleins d'accents circonflêxes avant qu'ils ne soient interdits.
Gérard degoutte,